Titre : |
Bastion ! : [exposition Kunstverein Bitcherland - Artopie - centre de création artistique à Meisenthal, France, 08.11-30.11.2014 ; Galerie der Hochschule der bildenden Künste Saar, Saarbrücken, Deutschland, 10.2015-11.2015 ; Centre d'art Nei Liicht, Dudelange, Luxembourg, 2016] |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Damien Deroubaix (1972-....), Directeur de publication, rédacteur en chef ; Julie Crenn (1982-....), Directeur de publication, rédacteur en chef |
Editeur : |
Meisenthal : Kunstverein Bitcherland - Artopie |
Année de publication : |
[2014] |
Importance : |
1 vol. (73 p.) |
Présentation : |
ill. en coul., couv. ill. en coul. |
Format : |
21 cm |
Langues : |
Français (fre) Allemand (ger) |
Mots-clés : |
Femmes artistes -- 20e siècle |
Index. décimale : |
C C - CATALOGUES D'EXPOSITIONS COLLECTIVES |
Résumé : |
"L’exposition, pensée et orchestrée par Damien Deroubaix, résulte de rencontres et de visites d’ateliers au Bastion 14, les ateliers de la ville de Strasbourg. L’ancien bâtiment militaire abrite une vingtaine d’ateliers investis par des jeunes artistes, le plus souvent fraîchement diplômés de l’Ecole des Arts Décoratifs. L’artiste et commissaire a souhaité réunir sept femmes artistes, dont six d’entre elles travaillent au Bastion 14. Giulia Andreani, alors en résidence à Meisenthal, présente une peinture emblématique de sa pratique, Miss Europa (2014). L’œuvre présente un groupe de miss posant fièrement, vêtues de maillots de bain et d’écharpes nous indiquant le pays qu’elles représentent. Si la scène peut séduire au premier regard, elle comporte cependant quelques éléments perturbants : dans l’ensemble, les sourires forcés confinent à la grimace, le visage de miss Italie est flouté, l’œil de miss Portugal est recouvert d’un cache-œil de pirate, la miss grecque est étendue au sol tandis que ses voisines la regardent avec dédain. Miss Europa donne le ton à une exposition traversée par un sentiment d’inquiétante étrangeté où les œuvres tour à tour charment, intriguent et déconcertent.
Camille Fischer développe un univers protéiforme où le dessin, la création textile, la sculpture et la performance sont en constante interaction. L’installation est pensée comme une scène éclairée par des projecteurs, prolongée d’un paravent qui évoque la loge de l’artiste dont le costume serait pendu en arrière plan. Au sol, des pompons brillants flottent dans un liquide noirâtre. Un spectacle a eu lieu ou va se produire. Au mur, des dessins petits formats (personnages masqués et éléments floraux) sont accrochés sur un dessin grand format figurant de longues fleurs blanches flétrissantes. Guidée par une esthétique postpunk, l’artiste travaille les traces, les objets, les slogans et les symboles des fantasmagories avant-gardistes. Avec une approche sensorielle, onirique et psychédélique, elle convoque l’expérience des mythes, voire des mythologies. Une vision expressionniste punk partagée avec Aurélie de Heinzelin dont les peintures, les dessins et les textes forment des commentaires acides sur le genre humain. Son mode de représentation est sans concession : yeux exorbités, corps abîmés, visages grimaçants et hurlants, attitudes dévorantes et violentes. À Meisenthal, elle présente une série d’autoportraits et de portraits d’Otto Dix et de Martha Koch, son épouse. Nous voyons l’artiste déguster goulûment le cerveau d’un crâne, puis, accompagnée de son double, elle s’apprête à manger un enfant plongé dans une marmite (Ursus, le fils des Dix). Aurélie de Heinzelin y trinque avec Otto Dix, elle tire les cheveux de son double ou encore elle se fait étriper par Martha Koch. Nourrie par une mythologie personnelle et un humour noir, son œuvre met en lumière les excès, les vices, les colères, la crudité et l’absurdité des rapports humains.
De son côté, Gretel Weyer explore la part trouble de l’enfance. Un chien en céramique est étendu au sol, est-il simplement endormi ou bien est-il mort ? Sur et autour d’un banc traînent des masques animaliers : un loup, un élan, un putois et un ours. Les animaux, attachés à l’imagerie du conte, sont à la fois fascinants et effrayants. Les masques semblent avoir été abandonnés, la scène indique la fin du jeu. L’artiste fouille ainsi les notions de passages et de rituels auxquels les enfants sont confrontés de manière consciente ou inconsciente. Ses œuvres impliquent une dimension symbolique et narrative. Une donnée que nous retrouvons dans le travail de Célie Falières, qui, par une pratique de la céramique, produit une traduction matérielle et plastique de la catastrophe. Celle-ci est envisagée d’un point de vue mathématique, c'est-à-dire comme le point où se fait un changement de direction. En ce sens, elle travaille la zone de déformation du matériau et de la forme. Les œuvres en céramique recouvertes de noir d’ivoire semblent être les objets calcinés que l’on retrouve dans une maison suite à un incendie. Les morceaux de matières indéterminées et les corps brûlés éparpillés dans l’espace forment un paysage post-apocalyptique. Une impression également présente dans les peintures-collages de Caroline Gamon. Au moyen de petits formats, l’artiste répertorie des non-lieux : une cabane perdue dans la nature, une zone boisée, une usine désaffectée ou encore une maison vide. En associant différents univers (ville-nature sauvage, minimalisme des formes-grouillements, intérieur-extérieur), l’artiste opère à une réunion des esprits du Douanier Rousseau, d’Edward Hopper et d’Ed Ruscha. Rien ne bouge, le temps semble arrêté, l’humain y est quasiment absent. Les peintures-collages recèlent un potentiel narratif nous situant juste avant, pendant ou bien juste après l’avènement d’un drame. Tout est dans l’évocation, dans l’intuition. Une aura qui habite les photographies noir et blanc de Nina Ferrer-Gleize. Ses images traduisent un moment de tremblement : entre ce qui est et ce qui advient, entre le réel et le récit. C’est au creux de paysages ruraux qu’elle capture des scènes empreintes d’une fragilité, d’une poétique, mais aussi d’une opacité et d’un mystère. La figure humaine y est évanescente, à la limite de la disparition, ou bien réduite à son passage, à sa trace dans le sol, la matière plastique ou le bâti. Les images génèrent une contemplation active chez le regardeur qui doit prendre le temps d’en saisir la teneur et l’épaisseur. Avec un esprit critique en partage, chacune des artistes offre sa propre vision du monde. Les œuvres nourrissent une pluralité de regards où l’hybridation des contraires engendre une force plastique, une lucidité et une poétique acide." [Source : prés. de l'éditeur]
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Note de contenu : |
Artistes représentées : Giulia Andreani, Camille Fischer, Aurélie de Heinzelin, Gretel Weyer, Célie Falières, Caroline Gamon, Nina Ferrer-Gleize |
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